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code EAN :
9782351220436


Parution : 15/09/2009
Format 14x21
208 pages
19 euros

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Le sens de la démesure
Grèce / Antiquité

Jean-François Mattéi

Le vingtième siècle aura été le siècle de la démesure. La démesure de la politique avec deux guerres mondiales, des déportations, des camps d'extermination, et deux bombes atomiques larguées sur des populations civiles. La démesure de l'homme, puisque ces crimes ont été commis au nom d'idéologies abstraites qui, pour sauver l'humanité, ont sacrifié sans remords les hommes réels. La démesure du monde, enfin, avec une science prométhéenne qui a tenté de percer les secrets de l'univers, une technique déchaînée qui a cherché à asservir la nature, et une économie mondialisée dont les échanges ont imposé le prix des choses au détriment de la dignité des hommes.

Le sens de la démesure semble être une fatalité, aussi n'est-il pas étonnant que, déjà chez les Grecs, dans le mythe, la tragédie, la physique, l'éthique ou la politique, il se situe au cœur de la réflexion. Au travers de la tentation de la raison d'abolir toute limite, de remettre en cause la finitude humaine, la démesure témoigne du tragique de notre condition. Les Grecs, et c'est l'enseignement de ce livre, se sont attachés à la comprendre pour la convertir en cette mesure qui permet de redonner un sens à notre existence.

Jean-François Mattéi, membre de l'Institut universitaire de France, est professeur émérite à l'université de Nice-Sophia Antipolis. Il a publié récemment La Barbarie intérieure (PUF, "Quadrige", 2004), De l'indignation (La Table Ronde, 2005), l'Énigme de la pensée (Ovadia, 2006), et Le Regard vide. Essai sur l'épuisement de la culture européenne (Flammarion, 2007: Prix Montyon de l'Académie française).

Presse :

Jean-François Mattéi, philosophe à qui nous devons déjà une méditation sur la «barbarie intérieure», explore ici les différentes modalités de cette «démangeaison de l'infini et de l'immense» à travers le mythe, la tragédie ou la cité. Avec brio et érudition, il démontre combien «la démesure revendiquée du progrès, nouveau Moloch auquel il fallait à tout prix sacrifier» a entraîné des désastres humains, politiques et écologiques. Pour cette superbe réflexion, il ne faut pas mesurer son admiration.
Rémi Soulié - Le Figaro Magazine

Leçon bien venue en une époque dominée par la quête du toujours plus en tous domaines, mais qui ne se ramène nullement à un éloge de la modération ou de la banalité. Les très justes allusions, nombreuses et pertinentes, à la pensée de Nietzsche, seraient là pour nous rappeler qu'il faut sans doute beaucoup de force pour trouver la juste mesure.
Paul Valadier - Études

L'érudition si fine, le jugement si sûr de Jean-François Mattéi promènent son lecteur sur les hauteurs de la seule initiation intellectuelle qui vaille pour qui prétend parler de sagesse.
Politique Magazine

C'est relativement savant, mais c'est très beau. C'est très important et ça donne beaucoup à réfléchir. [...] Un essai tout à fait remarquable, très riche.
Jacques Languirand - Radio Canada

Extrait :

Les Grecs plaçaient la mesure sous l'autorité de puissances cosmiques, Dikè, Adrastée ou Némésis, dont les décrets invariables s'appliquaient aux hommes et aux dieux. Les dieux en voie de disparaître, comme c'était le cas au temps de Platon, ou entièrement disparus, comme c'est le cas au nôtre, quelle autorité justifiera la mesure de l'homme et s'élèvera contre sa démesure? Il n'y a qu'une seule réponse, et c'est l'homme lui même qui, en posant le problème, en donne la solution. «Il n'est de richesse que d'hommes», écrivait Jean Bodin dans sa République; nous pouvons entendre sous cette formule: il n'est de mesure que d'homme, car nous ne connaissons plus aujourd'hui d'autre autorité. Mais de quel droit l'homme, cette créature minuscule perdue dans l'univers, se prendrait-il pour la mesure de toutes choses alors qu'il n'est qu'un être particulier? Il tient certes sa vie, et l'énergie qui l'anime, de cet univers dont il est un habitant fugace, mais est-il pour autant en mesure de le juger et, par conséquent, de se juger lui-même puisqu'il en est une partie? Quand Pascal met en rapport l'homme avec l'infini de grandeur et l'infini de petitesse dans le passage des Pensées nommé «Disproportion de l'homme», il ironise sur l'orgueil de ces êtres incompréhensibles qui se lancent à l'assaut de la nature comme s'ils avaient la moindre proportion avec elle. «C'est une chose étrange qu'ils ont voulu comprendre les principes des choses, et de là arriver jusqu'à connaître tout, par une présomption aussi infinie que leur objet» . Voilà établi l'excès de la présomption de la connaissance: imaginer que l'homme puisse sonder les principes des choses, et donc ses propres principes, sans succomber au vertige de l'infini que Pascal emprunte ici à l'apeiron grec. Et l'auteur chrétien de condamner sans relâche l'orgueil qui nous ravit au ciel et la concupiscence qui nous attache à la terre.

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