«Les libéraux et leurs alliés le savent depuis longtemps: l'exercice de "leur" démocratie ne doit être utilisé que pour fabriquer du consentement et un bonimenteur talentueux peut prétendre à la magistrature suprême.»
Gilbert Rignault interroge et interpelle cet ordre dans lequel nos vies sont moulées depuis des décennies, quels qu'aient été les gouvernements qui se sont succédé. Un ordre qui nous est présenté comme le seul possible, le seul «naturel», et contre lequel il serait vain de se rebeller.
Cette réflexion sur les méfaits d'une pensée unique résolument droitière, qui a fait perdre leurs repères et oublier leurs valeurs à bien des leaders de gauche, est avant tout un salutaire traité de résistance au conditionnement des esprits.
Gilbert Rignault naît en 1938 à Beyrouth. Sa famille revient en France en 1946. d'une jeunesse très engagée, il a gardé le goût et l'obligation morale de l'action politique et syndicale, qu'il a parfois pratiquée dans ses formes les plus passionnées.
Alliant engagement et liberté verbale, réflexions personnelles et citations pertinentes, culture et ironie, sagesse et vues originales, l'auteur nous permet de comprendre le cheminement de la pensée dominante et de percevoir les pièges vers lesquels un habile candidat et son équipe de publicitaires, pardon, de «spécialistes de la com», ont conduit l'opinion publique. Il aide aussi à comprendre comment tant de personnes se côtoyant depuis l'enfance, partageant une culture apparemment commune, parfois engagées dans les mêmes combats, ont pu changer de camp et faire là des choix de société radicalement opposés.
Jack Barbancey - L'Humanité
En politique, les «fondamentaux» correspondent aux conceptions générales que chacun se forge du monde, des hommes, de la nature de la société, de la démocratie, de l'ordre, etc. Se disputer sur des détails tourne vite au dialogue de sourds si l'on oublie sur quelles bases initiales et «fondamentales» chacun appuie ses convictions. En évitant le byzantinisme qui permet à tant de discours d'esquiver soigneusement les réalités pratiques, on peut affirmer que la philosophie se divise en deux courants opposés.
Selon le premier, les hommes seraient de simples éléments de la «nature» et, comme tels, sujets aux seules lois, immuables, de cette dernière.
Selon le second, l'homme serait le sujet, et l'objet principal, d'une histoire et d'une «culture».
De même, les doctrines économiques peuvent se séparer en deux écoles: le libéralisme lié à la seule loi naturelle de la jungle, et le socialisme, qui affirme que ce sont les hommes qui font la Loi dans l'intérêt du plus grand nombre et pour laquelle l'État, et les travailleurs, ont leur mot à dire.
Tous les faits de société comme toutes les déclarations, commentaires et professions de foi, sont liés à l'une ou l'autre de ces conceptions et doivent s'analyser par rapport à elles.