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code EAN :
9782351220887


Format 15x22
336 pages
22 euros

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Le mépris du peuple
Critique de la raison d'État

Thierry Galibert

Le mépris du peuple est une grande constante de l’Occident et il s’est accru, depuis le siècle des Lumières, au travers de valeurs universalistes déconnectées du réel. La conception de la raison est à son origine, elle qui, dès l’Antiquité, a exclu les sauvages et les esclaves de la cité, pour finalement priver l’individu de la démocratie.
La raison d’État est le pur produit d’un état intellectuel qui, estimant le peuple hors d’état de se gérer lui-même, lui propose une liberté qui vise à l’administrer sans qu’il lui soit possible de se retourner contre ses maîtres. Alors que la participation politique est la réalité originelle du peuple, en fait de liberté l’oligarchie consolide avant tout la sienne.
Textes à l’appui, cet essai trace le parcours historique de l’instrumentalisation du peuple jusqu’à la République moderne, il établit que la logique libérale, d’inspiration féodale et monarchiste, relayée par le socialisme d’État autant que par les libertaires, masque l’assujettissement du peuple sous les atours de son bonheur hédoniste.

Thierry Galibert, professeur des universités, est historien des idées et de la littérature. Il est notamment l’auteur de La Bestialité, paru chez Sulliver où il dirige également la collection «Archéologie de la modernité».

Presse :

Thierry Galibert dresse un état des lieux de l'art édifiant de cette condescendance quasi structurelle à nos régimes démocratiques à l'égard du peuple réel.
Cynthia Fleury - L'Humanité

Thierry Galibert ne fait pas dans le tiède. Pour lui, le peuple n'est pas le tiers état mais le tiers exclu! [...] Ce livre qui pose la question de la représentation nationale devrait faire débat au-delà des spécialistes de la Révolution...
Laurent Lemire - Livres Hebdo

Il y a un potentiel subversif non négligeable sous l’épaisse couche de références et de citations qui constituent le propos de Galibert.
Frédéric Saenen - Salon littéraire

[...] son livre est beaucoup plus qu'un simple pamphlet. Il se livre à une étude précise, parfois ardue, des grands théoriciens des principes de nos démocraties occidentales - Diderot et Voltaire au premier chef. Il décrypte comment leur définition du peuple, abstraction faite de la réalité des individus, conduit à une fiction politique plus favorable à une oligarchie immuable qu'aux petites gens qui lui sont soumis. Un essai qu'il vaut mieux lire, donc, que survoler.
Michel Gairaud - Le Ravi

L'auteur nous invite par de multiples exemples à analyser au-delà du texte lui-même, la pensée actuelle, le rôle central de l'économie en Occident et cet «homo-économicus» que nous avons créé.
Thierry Galibert nous donne ici à comprendre cette «Archéologie de la modernité» qui donne son nom à une collection qu'il dirige avec talent au sein des Éditions Sulliver. Ça n'est sans doute pas un hasard!

Sophie Sendra - BSC News

Pour Thierry Galibert, « Le mépris du peuple » est constitutif de l’alliance entre les Puissants et leurs serviteurs, notamment les « intellectuels » dont les théories politiques ont eu pour objet de justifier l’ordre social inégalitaire. [...] Dans la France des Gilets Jaunes et de la mobilisation populaire contre le projet « retraites », cet ouvrage nous dessille les yeux sur cette Histoire européenne et française, dont notre connaissance est biaisée.
Jean-Christophe Grellety - Racisme-social.info

 

Extrait :

Dans leur immense majorité, les intellectuels ne se sont souciés du peuple qu’au XVIIIe siècle, et encore, dans des conditions particulières, car en ce temps, réputé des Lumières, elles ne leur servent qu’à le mépriser autant que par le passé. Aussi, prétendre que le peuple se serait levé en masse, en 1789, pour mettre en application des idées philosophiques, c’est un peu comme croire que l’ouvrier de mai 1968 manifesta son Sartre à la main. Depuis toujours, les avancées sociales ont été le fait du seul peuple réel, les intellectuels se contentant, au mieux, de les théoriser, ce qui en dit long sur l’utilité fonctionnelle d’un intellectualisme essentiellement enfermé dans une révolution de papier, car objectivement coupé de la réalité vivante. Lorsque, en 1798, Mme de Staël prétend: «Ce sont les philosophes qui ont fait la Révolution, ce sont eux qui la termineront», ce sont précisément les conditions de son achèvement qui, depuis lors, ne cessent de poser problème. Fort à propos, au moins jusqu’à l’école laïque et obligatoire, le peuple s’est gardé de lire, l’aurait-il fait que l’intellectualisme lui aurait donné, au mieux, des recettes d’aménagement de sa condition, mais rien de fondamentalement désaliénant. La meilleure preuve figure dans les dictionnaires qui fleurissent à compter du XVIIe siècle. Qui voulait savoir, par exemple, ce qu’était un «État» tout en échappant à la définition de l’étatiste Dictionnaire de l’Académie française, devait s’en tenir, dans celui d’Antoine Furetière, à une définition que tout un chacun était en mesure de produire puisqu’elle reposait sur la simple observation :
«État: royaume, province ou étendue de pays qui sont sous une domination. Se dit aussi des officiers tant grands que petits, qui servent à entretenir l’État, à y entretenir l’ordre et la police.» Sous ces deux rapports, à quelques détails près – la nation substituée au royaume – tout dictionnaire contemporain pourrait reprendre les termes, sans mentionner les individus qui le composent.

petit nuage
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