Préface de Thierry Galibert
Charles Lassailly fait partie de la jeunesse romantique désenchantée des années 1830 qui compte également Gérard de Nerval et Petrus Borel. Il sera le collaborateur de Balzac, l'ami d'Alfred de Vigny et de Théophile Gautier, le fondateur de plusieurs journaux destinés à défendre ses idées républicaines ainsi que l'auteur d'un unique et fulgurant roman, Les Roueries de Trialph.
Le héros est un raté qui, conscient de ses faiblesses, résolu à se suicider, "s'amuse", en attendant, "à faire un livre ". Lassailly invente un personnage qui, en accord avec un siècle qui «pense beaucoup mais n'agit jamais,» ne peut que devenir «penseur par métier, homme de lettres de nom.» A l'époque, un tel sujet était déjà d'actualité.
La publicité de la presse est devenue la première nécessité des jours modernes: la presse est le levier le plus puissant de destruction, et le moteur presque unique de toute organisation sociale: la presse est un besoin, en politique, comme le pain quotidien qui nourrit tous les estomacs, et se mange avec tous les mets: la presse est la seule communion qui nous reste, après la chute de la foi catholique, le dédain des mœurs chevaleresques, l'abjuration du respect pour les rois, l'insignifiance des doctrines philosophiques de l'encyclopédie, l'impuissance des billevesées de la tribune, et la nullité des fanfaronnades du théâtre ; en un sens, après Voltaire qui se confesse, Robespierre qu'on calomnie, et Napoléon le prisonnier de Sainte-Hélène: la presse est un diamant qui ne s'use et ne se polit que par sa propre poussière: la presse ressemble au Dieu des panthéistes!