Jamais, peut-être, la littérature engagée n’a été aussi nécessaire, tant sont considérables les forces d'un monde marchand qui s’emploie à museler la création authentique. S’ils sont soucieux d’interpeller le temps dans lequel ils vivent, les auteurs de la collection Littératures actuelles frappent également aux portes du futur, pour essayer de le décrypter ou d’en réorienter le cours.
Mais en effet, tous ces murs frontaliers qui ajoutés les uns aux autres font plusieurs milliers de kilomètres de long; ce sont plusieurs centaines de milliers de mètres cubes de parpaings, ciment et béton qui pourraient et devraient, à bon escient, servir de lien social et de logement aux nombreux sans-abri du monde, c’est bien ça le grand paradoxe humain. On enfonce toujours le clou de la bêtise humaine.
Mathias de Breyne, Mourir avec son temps
Tout système conçoit le progrès comme une accentuation de son empire sur le matériau fondant sa puissance, le système prospère à proportion de la force d’inertie générée par la soumission grandissante de la masse des individus qu’il assujettit.
On sait depuis Newton que la force d’inertie est égale et opposée au produit de la masse par l’accélération, un système s’accomplit dans l’emballement qui le mène à l’apex de sa propre perversion.
André Bonmort, Corps sidéral
Et puis, c’est si beau un écran plat, un home cinéma, un quoi, un quoi, un quoi. C’est si bon ces choses qu’on amasse, qu’on empile, qu’on jette, qu’on remplace, qu’on jette, qu’on jette, qu’on remplace. Ces murs vert pistache, puis violine, puis taupe, puis orange halloween zen-cocooning. Ces indispensables largués sitôt déballés. Ces essentiels, ces inévitables, ces incontournables, ces si précieux le temps de l’achat. C’est si beau tout ça. Si honnête. Si convenable.
Nathalie Vialaneix, Outre-noir
