Quels sont, selon nous, les traits dominants de la littérature de création: une défiance instinctive vis-à-vis de ce pseudo «réel» spectaculaire que l’on veut à toute force nous vendre; la recherche inlassable du lien avec notre identité la plus authentique, confisqué par une idéologie dominante qui prospère sur notre confusion; et le souci permanent d’infuser la liberté de la poésie dans le grand corps trop docile de la littérature.
Désertification et déluges dérégulent le cycle de mes impulsions,
Exceptionnellement sec et anormalement chaud, je guette ma montée des eaux,
Vigilance orange subversion sur le littoral cérébral.
À l’aplomb de mon anxiété, mes coalescents somnolent à l’ombre de leurs tranquillisants sous les faisceaux des halogènes,
Le désordre non apaisé de la nuit dans mes yeux d’halluciné, le souvenir de l’araignée paralyse l’image du miroir.La buée environnante annonce-t-elle le blast ? (Le black-out s’expliquerait.)
André Bonmort, Dernier délire du singe savant
Ci-gît l’espoir, ils ont assassiné la poésie-vérité! me disais-je enfiévré. Ils m’ont eu, mais qui! Qui tire les ficelles de la résignation?
Il fallait que je me reprenne, parce que j’aurais encore assez de temps pour créer! Chercher la clé! J’avais toute la vie devant moi! Je n’allais pas mourir sur-le-champ! Donc je me suis endormi calmement…
Yann Bourven, Chroniques du Diable consolateur
Moi, je regarde ceux qui regardent. La procession des âmes est infinie. Elles vont toutes au même endroit, l’endroit du rêve. Et puis elles repartent. Elles se croisent, elles se connaissent, elles s’ignorent. Le ballet des âmes est une lente farandole, lente comme une digue qui s’enfonce dans la mer.
Rozenn Guilcher, Déshabiller nos solitudes