L’eau incolore, inodore, insipide, l’élément liquide qui constitue 65 % de notre corps,
Sœurs d’eau, comment remplirez-vous le réservoir amniotique, si la matière première vient à manquer ?
L’eau douce, l’eau qui dort,
Est-il proche, le jour où la pénurie de descendance apposera sa cinglante sentence sur vos ventres stériles ?
Les nuages ? Les moutons sourds aux incantations des prévisionnistes broutent leur nébulosité dans le champ clos du Cloud,
L’hydre médiatique elle-même se déshydrate, ses têtes lasses dodelinent sur ses cous desséchés,
La soif coule à flots…
André Bonmort, Dernier délire du singe savant
Les luttes avaient repris: reconversion de l’automation, refus de la science à fric, égalité des salaires, écologie, autonomie: l’universalité craque et se redit dans ces morcellements. La Toile, piégée. Les gens marqués de puces électroniques s’automutilant pour s’en délivrer. Les attentats contre les nanotechnos. Le décrassage des eaux empoisonnées. Les tombes nucléaires. La double valeur de l’argent et les écritures comptables cibles de raids cyber.
Anne Vernet, Les années sans date
Consommateurs, le titre est explicite, à défaut d’être flatteur;
Consommateurs consciencieux, acceptons l’inacceptable qui s’étale sous nos yeux et se répand dans nos corps,
Souffrons qu’une filière de trafiquants de santé nous donne journellement à ingurgiter un iceberg d’ignominie dont pesticides hormones OGM nitrates sulfites ne constituent que la partie émergée; un précipité de maladies potentielles exténuant nos défenses immunitaires,
Et ainsi chaque mastication est-elle un petit homicide qui s’accomplit.
André Bonmort, Midi sur l’abîme