Si nous nous référons à la littérature d’avant-garde, voire parfois à la littérature ou à la poésie expérimentales, un point nous tient à cœur: les langues singulières parlées dans les livres que nous publions n’ont de valeur et d’utilité que si elles sont «lisibles», et donc susceptibles d’enrichir la langue commune que la pensée simplifiée s’évertue à appauvrir.
J’suis en pétard. Un plein nid d’abeilles. Ça m’énerve. J’ai mal au crâne. Clous. Marteau. Battage. Ça attaque derrière l’œil. Dans le mou du dedans. Un coup. Le clou s’enfonce. Et la douleur qui irradie. Te prend tout le corps. La gerbe. Et puis, ça n’en finit pas de grincer. Craie blanche qui crisse sur le tableau noir.
Nathalie Vialaneix, Outre-noir
La profusion est ton métier épuise-la ce soir jusqu’au paranormal jusqu’à la paranoïa sans te soucier des normes ni de ta santé mentale dont la maladie est partie intégrale,
Fi des démarcations fi des conventions fi des logiques des dialectiques
(Nos limites no limit !)
Ces inhibitions marquent les bornes de notre condition passer outre n’est pas preuve d’audace mais condition de survie.
André Bonmort, Ils ont tué l'albatros
Je te donnerai mes dents. Je te donnerai mes yeux. Je te donnerai ce qui pourra servir encore mes poumons oui ils sont bien ils sont bien propres. Et puis mes reins oui mes reins. Et le cœur tu le veux tu le veux mon cœur? Je te donnerai oui ce qui pourra être recyclé. Ce n’est pas la peine de gâcher non. Et mes chairs mes liquides mes humeurs elles seront pour la citerne. Alors qu’en penses-tu?
Rozenn Guilcher, Futura