Frères et sœurs, venez
Des îles submersibles, vos verts paradis de mes indolences rongés par le sel de mer, obscurcis par celui de vos larmes d’adieu,
Des plateaux sableux où s’enlisent vos chiches espoirs de récoltes, où seule s’enracine la liane vénéneuse de la famine,
Des vastes plaines où s’amoncelle la sournoise semence des mines antipersonnel, de vos villes balafrées où cohabitent gaz moutarde et gaz carbonique,
Des forteresses du silence où ne dansent plus les libertés, où les lèvres ont cessé de dire, où la lourdeur de la bêtise proscrit les envolées,
Venez, frères et sœurs
Et vos enfants maigres, morveux et muets dont je suis l’oncle, venez
André Bonmort, Dernier délire du singe savant
J'avais désobéi. Sceptique, écrasé par l’amas de leurs gadgets. Nous étions devenus les suppôts de ces gadgets qui asservissaient sans émoi le reste de la planète. Je m'emballais dans l'enchaînement des bières. Sami disait que je serais plus utile avec mes idées à l'intérieur du système qu'avec lui à repeindre des pièces vides. Et pour qui? lui disais-je. Qu’est-ce que tu sais de tout ça, le nez dans tes pots de peinture dans tes apparts déserts.
Violaine Ripoll, Le syndrome du caliméro dans la société postmoderne
