Les autres espèces sont sans exception reléguées dans les marges de «la vie», savamment classifiée par ordre d’importance décroissante. Elles sont plus ou moins considérées, selon leur capacité à satisfaire les besoins inextinguibles de l’espèce-reine: telle fournit sa viande, telle autre sa peau, telle autre son ambre, ou son ivoire, ou son sérum, ou sa laine, ou sa compagnie… Ces objets vivants sont domestiqués, dressés, chassés, pourchassés, disséqués, exploités… et parfois éradiqués, par débordement occasionnel de la cruauté.
André Bonmort, Appel au possible
Un jour,
Un jour d’automne ou de printemps,
Un jour elle lâchera prise, lassée des jours et des saisons,
Soûlée d’ellipses et de révolutions,
Un jour elle partira, rompra sa chaîne usée par les années,
Ni Dieu ni maître ni destinée
Cap au hasard par les bifurcations inopinées
Loin du soleil son tuteur et de ses sœurs les planètes,
Loin de la Voie lactée, loin des Castor, des Pollux et des Cassiopée...
André Bonmort, Dernier délire du singe savant
