Jamais, peut-être, la littérature engagée n’a été aussi nécessaire, tant sont considérables les forces d'un monde marchand qui s’emploie à museler la création authentique. Une littérature en lutte sur tous les fronts d'une société soumise aux diktats de la course au profit mortifère: littérature politique refusant la fatalité autoproclamée du système ultralibéral, et combattant racisme, colonialisme et néocolonialisme; littérature écologique face au saccage aveugle du vivant et à l'urgence vitale de l'action climatique; littérature militante en faveur de la cause féminine et des minorités ignorées ou bafouées; littérature alternative frappant aux portes du futur et tentant d'en réorienter le cours; littérature expérimentale, enfin, opposant aux stéréotypes de la langue étatique et mercantile l'audace et la liberté de la parole créative.
Tous ceux qui tirent profit de la destruction de l’esprit, cultivent la soumission riante, tous leurs alliés, tous les avides, Pouvoir, Argent, Famille, étriquée humanité, riquiquite humanitude. Comme je les hais. Ma haine, mon amour, tu te meus en moi comme un enfant, tu es la seule présence rassurante que je puisse éprouver avec confiance chaque jour, chaque nuit, à quoi m’ont-ils acculé.
Louis Mandler, Dévoration
Il s’agit de toi et de ta relation particulière au carbonifère,
Il s’agit du pont mortifère que tu as jeté entre tes appétits démesurés et le sous-sol prodigue de cette lointaine période géologique,
L’ouvrage monstrueux dont les arches nous surplombent de leur dédain et dont les piles nous piétinent de leur aveuglement.
Combien d’espèces ont survécu, entre toi et le carbonifère?
Et combien survivront au saccage de ta mégalomanie?
André Bonmort, Dernier délire du singe savant
C’est cette vérité-là qui est en nous, qui nous a fait. Voilà pourquoi c’est à nous de l’écrire, c’est avec notre crayon qu’il faut scier les barreaux de notre prison. Et c’est un homme de courage, un courageux, celui qui ira s’asseoir devant une feuille blanche pour raconter que l’enfer n’était pas à six pieds sous terre, que le diable était ici, sous forme humaine, avec le teint pâle et les traits d’un homme blanc (comment l’appeler autrement? J’ai la passion du mot juste).
Monette Besry, L’Arbre des anonymes
Ces espaces d’internement sont tout sauf des asiles, ils n’ont rien d’accueillant, de sécurisant, de reposant, de prévoyant. Où trouve-t-on trace, entre ces murs, d’une acceptation et d’une compréhension généreuses et volontaires, bienveillantes et positives des secrets, des fêlures et des tourments de la psyché? Ces murs, qui protègent-ils en réalité? Qui ou quoi maintiennent-ils à l’écart?
Éric Coulon, Traversée de la conscience
Je feuilletai le livret. Charmant. Extraterrestre juste comme il fallait. Et drôlement soigné. Tout y était: naissance et résidence principale sur l'astéroïde B 612, visas du roi des étoiles, du vaniteux, de l'ivrogne, du businessman, de l'allumeur de réverbères, du géographe, trace de serpent, patte de renard, cachet de l'aiguilleur, du marchand de pilules contre la soif, pétale de rose et feuille de baobab. Un vrai résumé.
Marie-Hortense Lacroix, Farfulettes à l’eau de mer