Mon histoire est nègre, ma douleur est nègre, et la vérité de mon cri est sortie de ma négritude, de Madinina, de Karukéra, et de l’autre bord: Gorée, Guinée, Congo, de tout partout, et même de ces contrées lointaines, où Chine et Indes abusées ont mêlé leur corps à nos corps dans la moiteur de nos défaites. Je suis la fille de tout le monde, la fille du monde, une citoyenne de l’univers: c’est pour te dire comme j’existe!…
Les politiciens ont hissé leurs statues sur le socle de la peur, ils ne lâcheront de sitôt l’affaire de la couleur, black-blanc-beur font drapeau sur les maillots mais le stade est l’exception qui confirme le ghetto.
Gaza, Ambre ne connaissait pas. Elle aimait bien le mot Gaz. Et elle avait découvert que rajouter un A à la fin des mots les rendait nécessaires. Tout ce qui finissait par la lettre A fonctionnait comme une réconciliation minuscule de ses émotions. Sans doute Ambre ne s'était-elle jamais sentie aussi sereine, aussi sûre de ses choix. La réalité, c'est qu'elle commençait à accepter l'idée d'un autre monde, le plus loin possible de l'ancien.
