Climatique, économique, chimique, bactériologique, la guerre s’énumère, elle prolifère,
Sanitaire, alimentaire, cyber, nucléaire, planétaire, la guerre se diversifie, elle prospère,
Ravive des haines archaïques, ranime des patries moribondes,
La guerre, sa maladie rôde, ses yeux exorbités, ses spasmes indomptables,
La guerre, gronde son incinérateur aveugle,
Gronde son fleuve de sang roulant ses horreurs galopantes, colonisant ses berges,
Hémorragie annoncée de mes suprêmes débâcles.
Intifada, ça voulait dire guerre des pierres, qui voulait dire guerre des roquettes (un nom de salade pour un jouet de combat), qui voulait dire guerre des attentats-suicides : ne vivons pas pour rien, mourons pour tuer.
Ce matin-là, des avions encore jamais aperçus arrivèrent avec le soleil. Inquiets, Hung et Thu sortirent et les regardèrent passer. Ils volaient bas, rangés en dents de peigne sur toute la surface du ciel, dispersant une brume rose qui faisait le monde joli. Les enfants collaient leurs mains aux oreilles pour étouffer les vibrations du phénoménal tonnerre des avions épandant cette magie qui les faisait rire comme à la vue du premier arc-en-ciel. Puis, l’épais brouillard pestilentiel tombait silencieusement sur la terre meurtrie, éteignant le soleil. Et le funeste ballet se répéta, empoisonnant un peu plus à chaque fois, terre, eau, hommes et animaux.