Ne m’appelez pas Le Vivant quand votre brutalité et votre aveuglement s’emploient à mon anéantissement, aiguillonnés par la frénésie d’une course au profit mortifère!
Ne m’appelez pas Humanité quand vous me partagez en deux indécentes moitiés, l’une mille fois plus peuplée, l’autre mille fois plus prospère!
Et ne m’appelez pas La Parole si vous n’êtes résolus à vous dresser face au pouvoir insatiable dont la respectabilité dévoyée se nourrit de la déchéance de la planète et de ses enfants les plus désarmés!
Oubliez mon nom! Il est midi sur l’abîme et à l’horizon de vos cieux inflammables les foudres s’amoncellent…
Ce livre est né du projet peu raisonnable de fondre, au creuset d’une même langue, poésie militante, satire sociale, questionnement existentiel et manifeste littéraire; il interpelle sans complaisance – mais non sans dérision – le rapport de l’humain de notre temps avec son milieu, avec ses semblables… et avec lui-même.
Élaborant le récit d’une conscience en rupture, proposant une autre grille de lecture de notre époque, les écrits d’André Bonmort contestent les schémas mentaux dominants, appellent à rétablir dans ses droits la cohésion du vivant. Jetant des ponts entre les genres, ils mobilisent également les synergies de l’intertextualité.
Une parole à encaisser comme une déflagration. Écrit depuis l’abîme, là où tout s’effondre, le vivant, la parole, l’humanité elle-même. On pense à Giono et à Char, à ces voix qui parlaient encore avec la terre. […] Regarder en face la violence que nous avons infligé au monde, aux autres, à nous-mêmes. Un texte poétique engagé, puissant, pour nous toucher, nous réveiller, nous bousculer. Enfin voir le monde tel qu’il est.
Josy Coron – Bruit de plumes
Un texte comme un long cri jaillissant, le déferlement à vif des états du monde, leurs embrasements successifs.
C’est une parole ouragan, qui fonde en la langue, en sa puissance, en sa capacité réflexive, tous les espoirs.
Émilie Habert – L’Espace littéraire
Ouvrage poétique et militant, midi sur l’abîme est un texte volcanique qui éclabousse de lave son lecteur. Ses mots frappent, cinglent, percutent, révoltent. […] Éminemment philosophique, il interpelle sur notre rapport au monde, aux autres, à la société et à soi-même. Que voulons-nous laisser aux générations suivantes? Quel sera notre héritage? S’il nous pousse dans nos retranchements, sous son ciel ténébreux, j’ai cru déceler un faible rayon de lumière. Après la fin du monde, un rêve peut-être? Une graine, qui sait?
Whitney Monfret – Willow du lac
Pour se plonger dans l'œuvre, il faut accepter de se perdre, de remettre sa confiance de lecteur à un poète qui sait où il va. Midi sur l'abîme se conçoit comme un mélange hybride de poésie militante, critique sociale, manifeste littéraire, aphorismes philosophiques. C'est un droïde formel où Bonmort revendique autant qu'il joue avec la langue.
Car si ce livre naît de la nécessité de dénoncer un monde en plein périclitement (sur les plans sociaux, climatiques, politiques, technologiques), l'auteur nous montre que le langage est une clé trop peu employée pour tenter de colmater le chaos.
Diane Alazet – La vagabonde des étoiles
Midi sur l'abîme est un roman-poème engagé, original et rare.
La lecture se réinvente, elle devient aventure. Les mots s'éveillent, rugissent, s'entrechoquent, donnant au langage une force et une intensité unique.
Nathaëlle Loiseau – Carnet de lecture de Nathaëlle
Les yeux maintenus ouverts par une plume remarquable, l'auteur ne nous épargne rien et n'abandonne aucun angle mort, il farfouille, déchiquète, fouille viscéralement, et pointe avec une acuité infernale tout ce qui fait épuisement, tout ce qui fait asservissement, tout ce qui fait assèchement, de soi, des autres, de la tentative en société, de l'espoir en politique, de l'altérité, du vivant, du monde, des rêves et des derniers regards, mi- inquiets, mi- déphasés, que l'on jette parfois aux étoiles. […] C'est donc, évidemment, absolument, à lire. C'est également à partager, à prêter, à offrir, à diffuser.
Valentine Berthon – Lire dans la mansarde
Que j'ai vibré sous la plume d’André Bonmort! D'analogisme en syllogisme, je me suis perdue dans le langage. Avalée toute crue. Sans n'y rien comprendre. Et puis ça m'a frappée. De plein fouet. Cette poésie pour décrire l'hypocrisie. Cette rage de la vie et de ce que l'humain en fait. Ça m'exposait et m'explosait. J'étais l'indignation et la colère. La honte et le mépris. Quel grand écrivain!
Justine Saget – Lecture et cocooning
Qu'avons-nous fait du Vivant? de notre Humanité? de la Parole?
Ne pourrions-nous, ne devrions-nous pas faire mieux?
C'est en un plaidoyer de prose poétique que s'adressent à nous ces chers oubliés.
Au bord du précipice, seule issue possible à notre masochiste fuite en avant, André Bonmort […] trouve dans les mots la beauté d'une dernière danse.
Amélie Nicouleau – Lishbks
Ce livre rebelle est une émotion! Entre la rage, la tristesse, l'incompréhension, la peur… mais jamais une soumission.
C'est un objet inattendu, où la poésie, le militantisme et les jeux de langage se mêlent pour psalmodier l'urgence de la situation, la funeste prophétie.
Ce livre pourrait être une invitation à l'action, comme le sont souvent les livres publiés aux Éditions Sulliver.
Céline Housez – Rédactrice
André Bonmort épuise le langage avec force et poésie: grave, révolté, traversé par un cri, son texte donne vie aux mots, à la parole, "inestimable extension de l'esprit", échappant à "la vulgate opprimante".
C'est poétique, créatif, vivant et sensible.
Sabine Letellier – Escargot en lettres
Enfant d’une société toujours plus en train de s’autodétruire, le poète brandit ses mots, à la fois littéraires et politiques, doux et métalliques, contre l’avalanche d’intérêts économiques qui l’écrasent, contre l’argent, cette idole infâme qui a conquis l’univers entier.
Un livre saisissant pour ceux qui aiment la poésie, la politique, la vie, l’humain qui tente de survivre en nous.
C. Topala – Vautrin 007
Ce livre d’une grande poésie est un pulsar, une catharsis dont la richesse de la langue secoue d’une allégorie brutale et interroge sur notre condition et la cohésion du vivant.
Brillant et nécessaire!
Laetitia Romero-Miron – La Fée Lire
Sur une planète à feu et à sang, encombrée des discours haineux, des mensonges et de l'abêtissement collectif, «Midi sur l'abîme» est un texte militant et surprenant par sa forme tant l'auteur fait preuve d'imagination et joue de tout l'éventail du vocabulaire et des figures de style pour peindre un triptyque subtilement apocalyptique.
Elie Palimpseste
Dans une langue d’une richesse presque incompréhensible, Bonmort tente de sensibiliser son lectorat au danger que nous faisons encourir à notre environnement et à notre espèce.
Aurélie Gernigon – AureliBilly
Ce bouquin est une poésie déclamée avec rage et révolte. Rage contre le mal fait à la Terre tordue par les hommes, rage contre la terrible Humanité, aussi laide que cruelle, rage contre la mauvaise utilisation du langage qui nous pervertit.
Ça dégueule de mots, ça saoule parfois, ça enivre.
Pauline Ganivet – Pau_lit_ne
André Bonmort interroge la brutalité sociale, la déshumanisation, la course au profit. La nature & ce qu'on lui fait subir. Il explore les limites de nos soumissions, ce que l'on tolère, ce que l'on endure, ce que l'on prend pour vie normale.
Sa plume n'offre aucun réconfort, la tension est là, ressentie sous la phrase, une urgence hurlée entre les lignes & une colère lucide.
Saphira Mazouz – Manyoth
Ne m’appelez pas Le Vivant quand votre brutalité et votre aveuglement s’emploient à mon anéantissement, aiguillonnés par la frénésie d’une course au profit mortifère;
Quand se perpétuent jusqu’à l’indigestion, défiant les limites de la boulimie, les obscènes mastications de votre banquet de carbone.
La bascule du cosmos, les saisons aux trousses, votre propre destin désarçonné,
Rien ne semble devoir freiner la fureur de votre fringale
Rien ni la débâcle dont je cristallise l’angoisse,
Atterré je vois battre en retraite la cohorte défaite des couleurs et des formes
Et s’approcher pas de géant l’instant ordinaire ouvrant sur un au-delà d’irrémédiable (la nature ne conserve pas ses brouillons).
Nourris depuis la nuit des temps à la poussière d’étoiles,
Dépositaires agréés du limon fécond accumulé dans le lit des siècles,
Destinataires attitrés des messages les plus inouïs du destin,
Vous avez joui à l’excès de ces privilèges en vous appliquant à dédaigner les devoirs qu’en contrepartie ils réclament;
Vous avez balayé jusqu’à l’idée de cette dette, quand avec trop d’insistance elle vous sollicitait,
Aujourd’hui encore vous ne l’évoquez que contraints et forcés, acculés à l’évidence de vos manques.
Le regret ne suffit plus, pour effacer l’indignité, le remords lui-même est inopérant, il ne s’agit plus de pardon, tant est considérable le préjudice engendré par l’impudence de votre attitude,
Il s’agit de poids et de balance et le retour à l’équilibre est inévitable,
Il s’agit de telles masses d’avidité, de bêtise, d’ingratitude et de paresse qu’il n’est plus question de réparation, de compensation,
Mais d’un vaste mouvement que rien ni personne ne saurait arrêter ni freiner,
Un tsunami du temps,
Une vague d’indignation et de désespérance née dans la fracture décisive de votre passé, et qui depuis lors n’a cessé d’enfler souterrainement.
De tels raz-de-marée se produisent dans les territoires mentaux comme dans les espaces matériels,
Ils naissent des failles de comportement quand rien ni personne ne peut justifier ni excuser leur béance.
Ne l’entendez-vous pas?
Ce n’est qu’un souffle mais tellement considérable, il est le souffle incarné,
Charrie des siècles des millénaires et bien plus, des âges, des ères et tous ces découpages du temps que l’on croyait immuables amarrés au passé mais qui défilent se disloquant, s’effritant avant de se désagréger, retournant à la pénombre dont probablement ils sont nés;
C’est un cri, un formidable cri qui réinvente la douleur, l’enracine au plus profond, et vous savez dans la survivance de votre conscience cette douleur sans fond suscitée par la perte irrémédiable de tous ces passés, fatale conséquence de votre inconséquence; chaque forme de vie ayant un jour éclos sur cette Terre était un trésor que vous avez pillé avant de le dilapider puis de l’anéantir avec l’acharnement le plus inexplicable,
Mais pire encore, hurle cette douleur qui ne sait plus se taire, pire est l’avortement de ces avenirs qui jamais ne naîtront,
Quand vous auriez pu, accuse la douleur, quand vous auriez pu être leurs accoucheurs, quand vous auriez pu les élever dans ce champ clos, cet espace préservé de l’espace, ce joyau dont l’usufruit vous avait été dévolu,
Les régaler de la mélodieuse respiration du temps que vous n’avez eu de cesse d’oppresser, de dérégler, l’astreignant à haleter au rythme de vos désirs pervertis jusqu’à l’asphyxie dont ce cri est l’envers menaçant et le probable terme.