La Vie n’est pas telle ou telle vie particulière, elle n’est pas la vie de tel ou tel moi en particulier. Le Mouvement irrépressible qu’est la Vie ne peut se satisfaire, dans son accomplissement, des seuls signes, symboles et concepts inventés par l’être humain pour s’y retrouver et s’y adapter. La Vie les déborde et les devance de toutes parts, à tout instant. La Vie est profondeur et hauteur, cime et abîme. Nietzsche mais aussi Rimbaud, Daumal, Artaud, Abellio l’ont parfaitement compris.
Mon point de départ était effectivement en opposition à la philosophie classique et à la phénoménologie telle qu'elle a fait irruption en France au milieu du XXe siècle, moment où j'ai commencé à écrire. La définition de l'homme qui supportait ces systèmes ne me satisfaisait pas. Le concept de subjectivité dominait la philosophie moderne depuis Descartes, mais cette subjectivité était abstraite, c'était la pensée. Il me semblait que la subjectivité, c'est à- dire notre être profond, est quelque chose de tout à fait concret. C'est la raison pour laquelle j'ai découvert – et ce fut une grande émotion – que notre corps est subjectif, ce qui me mettait en possession de la preuve majeure du caractère concret de la subjectivité. Cette subjectivité concrète dont le corps était le lieu, je l'ai appelée "la vie".
La sauvagerie ne tient à rien d’autre qu’à son fondement étymologique – du latin silva qui signifie forêt – et, dans ses aboutissants pour le siècle des Lumières, elle peut être envisagée en fonction des remarques de Diderot dans sa contribution – non signée – à l’Histoire des deux Indes de l’abbé de Raynal: «Sans doute il est important aux générations futures, de ne pas perdre le tableau de la vie et des mœurs des sauvages. C’est, peut-être, à cette connaissance que nous devons tous les progrès que la philosophie morale a faits parmi nous.»
n’ajoute pas au bruit de l’univers, réduis l’immatérielle information, voilà le commandement de la quête. l’ensemble du savoir doit tenir dans un seul esprit. on entend souvent à l’extérieur que l’école produit de nouvelles connaissances mais c'est inexact. elle a entrepris de réduire l’infinie complexité des choses à une quantité finie d’information. son activité première consiste à détruire l’information, la fausse, l'inutile, l'insensée, soit la presque totalité de l’information.