Une littérature expérimentale nous semble être avant tout une littérature du risque, une littérature qui s’affranchit du garde-fou des genres, les chevauche, les entremêle ou les transcende. Ne se satisfaisant pas des cloisonnements, elle ne se veut pas davantage assujettie à la primauté de l'intrigue, qui sert trop souvent à masquer la pauvreté de la langue et les lacunes de l’imaginaire. La plus belle des intrigues (la plus intrigante!) est celle d’une écriture inédite en train d’apparaître.
je suis passé entre les feuilles du grand livre et ce que j’ai vu tu ne le croiras pas. la bibliothèque respire. c’est son souffle qui va et vient dans les couloirs. nous n’habitons pas sa conscience ni sa mémoire mais ses poumons. nous sommes là pour tourner ses pages
Bernard Thierry, livre
Le rationalisme s’est épuisé à nous contenir à toute force cérébrale derrière ses déductions barbelées, et les ultimes avancées scientifiques ouvrent une voie royale à l’improvisation et à l’approximatif.
Le hasard lui-même est réhabilité, les cordes vibrent tels de purs esprits, les quanta d’énergie se font insaisissables et les grandeurs discrètes, les interactions fondamentales retrouvent leurs lettres de noblesse.
La science en son accomplissement en appelle à la poésie.
André Bonmort, La guérilla des poètes
Là est l’imaginaire de la langue, imaginaire intrinsèque, sécrété par sa capacité à se tracer d’elle-même, selon des pentes qui sont cet imaginaire, et qui s’imposent au scripteur.
L’éclat au coin de l’écran: un éclat ironique, pervers!
Toute langue est un imaginaire en soi.
Nul besoin de personnages: Ce qui est fictif, c’est la langue! m’écrié-je.
Marc Jaffeux, Un déicide