L’imposture culturelle affiche chaque jour un peu plus sa soumission aux impératifs catégoriques du marché. Faisant entendre des voix en rupture refusant les injonctions du «Grand Consensus», la collection Littératures actuelles se situe délibérément du côté de la contre-culture, seule apte aujourd’hui à prolonger notre espérance... et à sauver notre honneur.
Tout nous oppose, une phrase courante chez les SDF, c'est «Chacun est comme il est», eux, c'est tout sur les apparences, rien dans le citron, on va parfois chercher notre élégance dans une veste à carreaux mal taillée ou le coup de peigne trop visible, mais ce sont mes frères, les seuls dignes d'intérêt parce que justement laissés pour compte, loin de l'ignominie des bien pensants…
FP Mény, Conquête du désastre
… tous ceux qui tirent profit de la destruction de l’esprit, cultivent la soumission riante, tous leurs alliés, tous les avides, Pouvoir, Argent, Famille, étriquée humanité, riquiquite humanitude. Comme je les hais. Ma haine, mon amour, tu te meus en moi comme un enfant, tu es la seule présence rassurante que je puisse éprouver avec confiance chaque jour, chaque nuit, à quoi m’ont-ils acculé.
Louis Mandler, Dévoration
... s’imaginent-ils nous avoir pour de bon lobbytimisés, si nous baissons le nez tout le jour sur le sillon de nos contraintes nous n’avons pas pour autant oublié qu’un ciel compatissant baigne nos têtes et peut encore les illuminer, si nous nous égarons toutes les nuits sur les rails des rêves qu’ils nous ont tracés nous n’en gardons pas moins en point de mire le fanal de notre propre gare, nos yeux sont aveugles c’est vrai et nos oreilles sourdes tant nous sommes encombrés de leurs images et de leurs bruits mais nous n’avons renoncé ni à voir ni à entendre
André Bonmort, La citadelle Espérance