«… Et le miroir glacé de la nuit est un huissier implacable, qui détaille mon visage décapé d’où a été effacée toute lueur de fraternité, mon regard lisse, où la source de la compassion a cessé de roucouler… Que reste-t-il en moi de ce beau nom d’humanité, dont mes enfants m’avaient baptisée?…»
Douloureuse, éplorée, voyant les hommes renier le meilleur d’eux-mêmes, l’humanité les apostrophe, les fustige, les exhorte, les implore.
«Le savez-vous, oui ou non, que la planète est partagée en deux singulières moitiés? L’une cent fois mieux nourrie, l’autre dix fois plus peuplée!
Le savez-vous, oui ou non, que le profit à tout prix est devenu, dans votre cathédrale cathodique, la seule religion digne de foi?»
En ces temps sombres où «un matérialisme forcené s’est révélé le plus efficient antidote aux dérangeants ultimatums du rêve», elle guette «une fragile chaleur frissonnant sous la cendre», s’évertue désespérément à «essayer de redonner visage humain à l’homme défiguré»…
Nouvelle édition.
André Bonmort a également publié Insurrection du verbe être, Appel au possible, La Guérilla des poètes, La Citadelle Espérance et Ils ont tué l'albatros dans la collection Littératures actuelles des éditions Sulliver, au sein desquelles il s'attache également, en tant qu'éditeur, à donner la parole à la langue insoumise.
Méditation lyrique sur les malheurs de notre civilisation.
La Quinzaine littéraire
Une mère s'adresse à ses enfants. Elle souhaite exprimer sa tristesse et sa douleur face à leur comportement. Cette mère a pour nom Humanité. Ses enfants sont les Hommes. [...] L'orgueil et la cupidité. Comment faire pour résister face à ces démons tout puissants qui utilisent sans vergogne la violence comme arme de domination? Comment sortir de sa routine de confort et aller porter son soutien à l'autre plus démuni? Comment vaincre la peur et l'apathie? La fin du récit nous propose quelques pistes de réponse: en ressuscitant le respect; en valorisant la dignité; en allumant avec fraternité la brindille de lueur qui gît sous la cendre...
Allen Miéville - Attrapelivre
Les courts chapitres s'enchaînent, dressant un constat catastrophique de la situation actuelle de notre planète. Tous les thèmes sont abordés: de la passivité des hommes face aux injustices sociales au déni de l'engagement politique, de l'avachissement général à la bêtise ambiante en passant par les guerres et la mondialisation. La colère gronde à travers ces pages véhémentes et poétiques. C'est un chant lyrique que nous offre l'auteur, exalté par ses sentiments de rage et de désespoir.
Anne-Sophie Demonchy - Lalettrine.com
Un court texte à lire mais qu'il faudrait également entendre sur scène, tant ce monologue intérieur se déroulant sur le scandale du monde [...] est bien fait pour être dit.
Denis Chollet - Le Patriote
L'âge de cendre est un texte très singulier tenant à la fois du roman, du conte philosophique et politique [...] Un roman/essai très intéressant et fort original, un texte unique en son genre.
Marc Meneguz - Bibliotheca
Tous les nantis, je le sais bien, ne sont pas insensés. Tous n’ont pas avalisé sans protester l’amère potion de la course au profit. Certains – il en reste des traces – ont mis en lumière l’édifiant parallèle entre cette épreuve reine et l’obscur marathon de la misère, qui mène au bout d’eux-mêmes des endurants aux os saillants. Ces indignés étaient-ils sincères? Qu’ont fait en réalité les pourvus lucides pour les mal vivants? Hormis quelques renvois humanitaires, qui ont donné aux pauvres le goût de l’odeur d’une haleine de riche?
Trop tièdes, oui! Trop tempérés!… Trop retenus. Trop préservés… Leurs élans finissent toujours par retomber sur eux-mêmes, et leur générosité trouve généralement son achèvement à l’état de projet… Ils ont gardé la nostalgie de la communion, mais ils en ont perdu le sens… Incapacité dominante à s’attendrir. À compatir. À partager… Propension affirmée à entretenir cette incapacité…
Sont-ils construits en dur, irrémédiablement? Terrasses, balcons, faibles avancées hors de craintives ouvertures. Timides pas en avant corsetés dans la rigidité d’hypocrites rambardes s’efforçant à l’aménité. Rayons idéalement obliques pour le bronzage de l’âme, son réchauffement hygiénique. Mais limité. Jamais, dans ces conditions, l’eau de l’être ne saurait prétendre à l’ébullition!
Aux générations échevelées, ils préfèrent l’implacable géométrie des arbres généalogiques. La logique reconstituée de l’Histoire assoit leurs fondations. Encadastrés dans la géographie, emberlificotés dans la géopolitique, ils s’évertuent encore à consolider leurs paranoïaques édifices. Ils les veulent toujours plus à l’écart, et clôturés, et compartimentés. Obturés. Blindés. Antisismiques. Anti-émotionnels. Anti-utopiques. Quand ils sont aussi inféodés à leurs murs, comment pourraient-ils seulement envisager de bousculer la moindre cloison?…