«La vraie vie est ailleurs», «Les pères ne savent pas», «Belle au bois dormant»… La voix si personnelle de Rozenn Guilcher se fragmente ici en de multiples portraits intérieurs pour nous atteindre au plus intime. Car dans ces nouvelles, c'est nous, femmes et hommes de ce temps, qui sommes parfois férocement, souvent cocassement mais toujours tendrement mis en scène. Nous qui tentons maladroitement d'aimer et souffrons de ne pas l'être; nous qui partons pour d'improbables ailleurs ou sommes englués dans une trop pesante réalité; nous embringués dans de tristes fêtes ou contraints d'improviser les funérailles d'un être cher. Nous traversant la rue, nous traversant la vie. Nous vivants, tant bien que mal, engoncés dans cette humaine condition qui ne semble pas avoir été taillée à nos mesures et isolés dans une société où nous peinons à trouver notre place.
«Puisque nous sommes vivants et qu'il faut encore vivre. Puisque mourir demain n'est pas encore prêt.»
Rozenn Guilcher est née en 1968. Elle est titulaire d'un DEA de Lettres modernes et d'une Maîtrise en médiation culturelle. Elle a également publié aux éditions Sulliver: un roman, La Fille dévastée, et deux autres recueils de nouvelles, Futura et Déshabiller nos solitudes.
A l'heure où on nous demande de plus en plus de ne pas sortir du cadre qu'on nous impose, l'auteur de ce recueil nous montre du doigt comment chacun peut parvenir, ou pas, à vivre dans ce moule uniforme tout en conservant au mieux ce qui fait de lui un être unique avec ses joies, ses peines, ses rêves et ses déceptions. Ces vingt-quatre textes qui visitent tour à tour toute la palette de nos émotions et de nos sentiments nous touchent alors en plein coeur et nous interpellent drôlement.[...] C'est fort, émouvant, bouleversant...
Martine Galati - Le Dauphiné Libéré
Cela n'est pas facile de se mettre sans cesse à la place des autres et d'y réussir pleinement. La méthode ici utilisée donne des résultats étonnants. On peut aimer particulièrement "Les pères ne savent pas" ou "J'ai marché dans ma vie". On peut, et c'est le mieux, aimer la totalité de ce livre hirsute déroutant. Vous aurez compris que c'est mon cas.
Jacques Lovichi - La Marseillaise
J'espère que les critiques influents lisent Rozenn Guilcher qui mériterait d'obtenir un prix en rapport avec les sarcasmes et la satire qui font le sel de son livre. [...] Une voix, une polyphonie pour un monde qui donne inlassablement des nouvelles du bonheur qui n'est qu'un désastre, chaque jour, chaque année.
Denis Chollet - Le Patriote
L’humain est ici omniprésent, dans les mots qui se redoublent, se chahutent, se chevauchent parfois, comme pour insister sur l’enfermement et la difficulté d’être.
Le Télégramme de Brest
24 textes émouvants, portraits intérieurs dans lesquels elle s'interroge et nous interroge sur notre place dans le monde et sur les moyens qu'on trouve pour s'y faufiler, bon gré mal gré.
Christiane Courbon - La Provence
L'humanité ne veut pas de nous. Parce que nous ne bâtissons pas notre vie sur son modèle. Parce que l'humanité ne peut pas envisager un seul instant qu'un individu puisse penser et choisir sa propre voie. Un individu? Qu'est-ce?! C'est comme une fourmilière: aberrant qu'un élément sorte du rang, fasse ce que bon lui semble! Tous doivent suivre les directives, chacun à sa place. Les modèles sont préétablis comme le riz précuit. Les individus de sexes différents sont faits pour se rencontrer, former un couple puis fonder une famille et consommer. C'est le schéma de l'humanité. On est sur Terre pour ça. Dieu ne s'est pas emmerdé à créer le monde pour autre chose. Alors il ne manquerait plus que quelques originaux décrètent tout à coup qu'ils ne veulent pas de ce modèle pourtant bien rôdé. Il ne manquerait plus que ces marginaux refusent ce que Dieu a voulu pour eux et décident qu'ils veulent autre chose, ils ne savent quoi! Il ne manquerait plus que ça! Il ne manquerait plus que ces énergumènes refusent ce que Dieu a voulu pour leur bien. Parce que Dieu seul sait. Il ne manquerait plus que ces babouins décident que Dieu ne sait plus. Il ne manquerait plus que ça! Sacré bordel! Dieu ne s'est pas emmerdé depuis qu'il est né (Dieu est-il né?), depuis tout ce temps qu'on ne peut même pas mesurer, pour que des branleurs lui expliquent qu'il n'a servi à rien. Qu'il n'a qu'à remonter dans son nuage pour pleurer tout ce qu'il peut parce qu'il y a des êtres humains irrécupérables. C'est comme si les enfants refusaient les cadeaux du Père Noël, où allons-nous?! Toute l'humanité s'est sacrifiée pour offrir aux hommes et femmes du XXIe siècle ce produit comportemental de raison et de simplicité pour que des teigneux le réfutent? Aucun respect de rien!
Parce que ça fait un bail que l'humanité se démène. Bien avant la préhistoire déjà. Ça fait un bail que l'humanité trace et creuse son sillon. Tout droit. Toujours tout droit. Toujours dans la même direction. Alors il ne faudrait tout de même pas que des zonards viennent dévier cette voie. Ou en sortent. Il ne faudrait tout de même pas que des éléments incontrôlables perturbent le bon déroulement de l'histoire prévu et calculé par l'humanité avec l'aide de Dieu.