«Le Parti ne troque sa défroque stalinienne contre l'uniforme citoyen que pour mieux rester lui-même: la cheville ouvrière de l'ordre établi. Sauveur suprême de la bourgeoisie à chaque appel au secours, il est le fossoyeur du communisme dont il a piétiné l'histoire dès l'origine. Cet anticommunisme des PC est l'idée la mieux gardée du siècle.»
Au rebours des explications convenues, cet essai polémique lève le voile: l'anticommunisme avéré des PC est le secret déconcertant du xxe siècle, le mur contre lequel tant de têtes se sont brisées.
Louis Janover a été membre du groupe surréaliste dans les années 1950. Il a collaboré à l'édition des œuvres de Karl Marx dans la Pléiade, et à la revue Études de marxologie. Il est l'auteur de plusieurs essais critiques sur l'intelligentsia et sur le surréalisme.
Côté jardin, les proclamations incendiaires des dirigeants communistes étaient destinées à tenir en haleine les impatients, pressés d'en découdre avec les nantis. Côté cour, le «Produire d'abord», élevé au rang de «devoir de classe» par le Fils du peuple, rassurait la bourgeoisie reconquérante et redorait le blason de ces valeurs éternelles quelque peu discréditées par le régime de Vichy: militarisme, hiérarchie, compétition, obéissance, sacrifice, renoncement, amour du travail. Le jdanovisme, qui s'empare de l'espace culturel pour mettre l'intelligentsia sur le pied de guerre, montrait la voie à suivre pour que les frustrations et les révoltes se changent en cette énergie nécessaire à la reconstruction. Le Parti se faisait fort de circonscrire l'incendie social, et il avait à cœur d'apprivoiser la flamme afin de forger le nouvel outil de production.